Arthur Rimbaud

Les Stupra

Sonnets

              I
        Les anciens animaux saillissaient, même en course,
       Avec des glands bardés de sang et d'excrément.
       Nos pères étalaieiit leur membre fièrement
       Par le pli de la gaîne et le grain de la bourse.

       Au moyen-âge, pour la femelle, ange ou pource,
        Il fallut un gaillard de solide gréement;
        Même un Kléber, d'après la culotte qui  ment
        Peut-être un peu, n'a pas dû manquer de ressource.

        D'ailleurs I'homme au  plus fier mamifère est égal;
        L'enormité de leur membre à tort nous étonne;
        Mais une heure stérile a sonné. le cheval

        Et le boeuf ont bridé leurs ardeurs et personne
        N'osera plus dresser son orgueil génital
        Dans les bosquets où grouille une enfance bouffronne.
              II

        Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j'ai vu
        Des gens déboutonnés derrière quelque haie,
        Et dans ces bains sans gêne ou l'enfance s'égaie
         J'observais le plan et l'effet de notre cul.

        Plus ferme, blème en bien des cas, il est pourvu
        De méplats évidents que tapisse la claie
        Des pois; pour elles c'est seulement dans la raie
        Charmante que fleurit le long satin touffu..

        Une ingéniosité touchante et merveilleuse
        Comme l'on n'en voit qu'aux anges des saints tableaux
         Imite la joue où le sourire se creuse.

         Oh! De même être nus, chercher joie et repos
         Le front tourné vers sa portion glorieuse
         Et libres tous les deux, murmurer des sanglots?
              III

         Obscur et froncé comme un oeillet violet
         Il respire, humblement tapi parmi la rnousse
         Humide encor d'amour qui suit la rampe douce
         Des fesses blanches jusqu'au coeur de son ourlet.

         Des filaments pareils à des larmes de lait
         Ont pleuré sous le vent cruel qui les repousse
         A travers de petits caillots de marne rousse,
         Pour s'aller perdre où la pente les appelait.

         Mon rêve s'aboucha souvent à sa ventouse.
         Mon âme, du coït matériel jalouse,
         En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

        C'est l'olive pâmée et la flûte câline,
        Le tube  d'où descend la céleste praline,
        Chanaan fémenin dans les moiteurs enclos.

 IL A ÉTÉ TIRÉ  25 Exemplaires sur Japon numérotés de A á Z
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Ejemplar Nº 147
(Original: Col.lecció Llibreria Els Gnoms)